Mythes et Légendes du Système d’information (SI)
Voici des "mythologies" qui ressuscitent une sarcastique perspicacité sur les tendances collectives, bien assourdie depuis le fameux ouvrage de Roland Barthes.
Sans bien sûr m’autoriser à donner mon avis sur ces observations concernant leur portée dans le domaine corporatif qu’elles visent, je reconnais qu’elles corroborent celles que j’ai pu faire au cours d’une carrière diversifiée, depuis une succursale de Thomson début des années 80 sur fond de plan Fabius jusqu’à l’enseignement dans l’Education Nationale, entre privé et public donc.
A l’issue de ce parcours, le sentiment dominant est la consternation face au gâchis de bonne volonté et d’intelligence qu’entraîne la pauvreté sclérosée des protocoles analytiques que vous décrivez fort bien.
A vue d’utilisateur, dans le domaine informatique, comparant les démarches analytiques de cette aube à celles du présent, on a le sentiment que la puissance de calcul ne s’est prodigieusement accrue qu’au détriment des conceptions de la circulation de l’information, désespérément gelée comme les paroles du fameux passage de Rabelais le long d’arborescences stériles qui ont aggravé le fossé entre les élites capables de s’appuyer sur des processus culturels raffinés pour les déborder et en utiliser la puissance sans s’y plier, et une immense multitude dont goûts, démarches intellectuelles et savoirs sont préformés par les conventions du numérique.
Merci de votre contribution, Jean-Baptiste. Ce à quoi j’ai voulu appliquer quelques sarcasmes dans cet article, ce n’est pas la révolution informatique dans son ensemble, mais ce qui en est fait dans les entreprises de type ancien, bureaucratiques et hiérarchiques. Cela ne doit pas occulter les immenses progrès de la diffusion des connaissances qui en résulte, et, au rebours de certains traditionalistes, je ne chanterai jamais assez les louanges de Wikipédia, une source de savoir immense et disponible pour tous, notamment ceux qui vivent loin des bibliothèques et des librairies.
Je suis entièrement d’accord avec vous Laurent concernant la démocratisation et l’accessibilité des savoirs que permet la révolution informatique, avec Wikipédia entre autres.
Mais sans je l’espère encourir le blâme (pas si désagréable) de traditionaliste, mes observations et expériences m’ont donné l’impression (que j’aimerais erronée bien sûr) que ces accès renforcent les aptitudes à la découverte des élites qui peuvent utiliser des modes d’expertise construites en amont de cette révolution, et maintiennent une multitude dans des cheminements figés.
Pour exemple, les suggestions faites tant par Wikipédia que YouTube n’enferment-elles pas inexorablement l’utilisateur dans la chambre culturelle qui a motivé sa démarche ?
Sans parler de ce que connaissent tous les enseignants en collège et lycée (voire au-delà), le recours des élèves à ces savoirs comme blocs compacts sans aucun accès à l’intelligibilité qu’ils véhiculent.